ArticlesMichel BréCoacher par Michel Bré

Rimbaud, le coach et l’autre

 

La position méta à l’épreuve

La position méta et ses limites

C’est en raison de l’insondable complexité de la relation à l’autre qu’on insiste, en coaching, sur l’importance de la position méta. Il s’agit d’une vigilance particulière du coach portée à la relation, grâce à laquelle il serait tout autant acteur de la conduite du coaching, de la tenue du cadre de travail, qu’observateur lucide de lui-même et du coaché. Le coach se libèrerait de ses projections et accèderait à une juste compréhension du coaché.

Mais bien que largement admise, la position méta n’est pas sans poser question. Le coach travaille avec sa subjectivité. Tout esprit rigoureux est en droit d’interroger la validité de cette modalité. La conscience n’est-elle pas toujours située, incarnée, en dialogue avec le monde, sans pouvoir jamais se poser entièrement en surplomb d’elle-même (Merleau-Ponty) ?

Jusqu’à quel point l’observateur peut-il ainsi constituer l’autre en objet de connaissance ? cet objectif ne suppose-t-il pas une complète extériorité à la situation qui neutraliserait toute interférence, ou la corrigerait ?

Déjà Plutarque a observé qu’entre l’orateur et son auditoire un va et vient émotionnel s’instaure, au point que l’orateur est influencé dans son art par les réactions de son auditoire. Un phénomène bien connu des artistes. On sait aujourd’hui qu’entre deux personnes en interaction, des groupes de neurones tendent à synchroniser leur activité.

Pris sous un autre angle, tout un courant de la cybernétique formule cette objection au cours des années 60-70 : l’observateur ne peut se mettre à distance comme s’il regardait un phénomène extérieur, car il est lui-même un élément de la situation.

Ainsi, aucune méthode visant à constituer la subjectivité en un objet isolable des effets de la présence de l’observateur, tel qu’on parvient à le faire par une approche expérimentale, n’est possible. Ici, point de reproductibilité des situations. L’accès direct à l’intériorité de l’autre demeure inaccessible. Celle-ci est inobjectivable. Bien que l’observation des comportements soit une source d’information, la médiation par le langage constitue l’accès privilégié à la vérité du sujet.

Le discernement comme travail réflexif

Le coach en est donc modestement réduit à écouter le coaché s’il veut s’approcher de sa subjectivité. Vaste tâche. Comment doit-il s’y prendre ? Qu’est-ce que le coach entend quand il écoute ? Le coach est au défi de mettre à l’épreuve son discernement.

Tout discernement est une interprétation formulée dans un contexte qui reste toujours ouvert. De façon ultime, le contexte du coach, c’est sa conception du coaching, celle-ci qui lui permettra d’interpréter ce qu’il écoute.

Il n’est donc pas suffisant d’affirmer que le coach écoute avec ses propres filtres et croyances ou depuis sa propre trajectoire. Ces formules simplifient la complexité de l’acte d’écouter. Pour que la position méta ne soit pas pétition de principe, le coach conduire avec lui-même un travail réflexif qui lui permette saisir, dans sa pratique, les dimensions de sa propre implication.

Michel Bré

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