CoachingThierry BianchiAccompagner ou décliner : un choix de société

Accompagner ou décliner : un choix de société

L’accompagnement comme exigence contemporaine

Dans une société en perpétuelle mutation, en effet, marquée par l’accélération des changements technologiques, sociaux, économiques et environnementaux, l’impératif d’accompagner s’impose comme une priorité, un véritable choix de société. Autrement dit, ce n’est plus un luxe, ni un supplément d’âme, mais une nécessité vitale pour éviter l’effondrement du lien social. En revanche, décliner cette responsabilité, c’est prendre le risque de voir croître les sentiments d’isolement, d’incompréhension, et, en conséquence, de fragmentation sociale. À l’inverse, accompagner c’est faire le choix du lien, de la reconnaissance, et d’une transformation solidaire.

La « solituderie » : symptôme d’une société délitée

Par ailleurs, le terme « solituderie », néologisme parlant, révèle une réalité ressentie par une partie croissante de la population : celle d’être seul face à la complexité du monde contemporain. Cette solitude est à la fois affective, sociale, professionnelle et cognitive. En effet, elle s’enracine dans l’effacement progressif des collectifs traditionnels (famille, syndicats, partis, voisinage) et dans l’individualisation des parcours de vie.

De plus, la « solituderie » n’est pas qu’une impression subjective. Elle se manifeste de manière très concrète : sentiment d’abandon des territoires, isolement des jeunes, perte de repères face aux mutations du travail, déconnexion dans les relations humaines. En ce sens, elle traduit l’émergence de ce que le politologue Jérôme Fourquet nomme « l’archipellisation » de la société française : un ensemble d’îles sociales et culturelles éclatées, parfois hermétiques les unes aux autres.

Accompagner, une réponse à la fragmentation

Dès lors, accompagner, c’est répondre à cette demande à la fois implicite et explicite : ne pas être seul face aux épreuves. C’est reconnaître que la capacité à évoluer positivement n’est pas le seul fruit de la volonté individuelle, mais dépend d’un environnement porteur, d’une relation bienveillante, d’une présence.

Ainsi, les champs d’accompagnement sont multiples : scolaire, professionnel, social, familial, psychologique. Chaque âge de la vie, chaque phase de transition, chaque défi personnel ou collectif peut justifier un accompagnement. Il s’agit de transmettre, de guider, d’écouter, mais aussi de créer les conditions d’une autonomie renforcée.

Contrairement à l’assistanat, l’accompagnement ne vise pas à substituer une aide passive mais à activer des ressources, à renforcer les capacités d’agir. Il est un levier d’émancipation et d’intégration sociale.

L’urgence d’une mobilisation collective

En effet, la crise des gilets jaunes ou les aspirations de nos concitoyens témoignent d’un besoin irrépressible de lien et d’appartenance.

Par conséquent, la réponse à ces fractures ne peut être purement économique ou technique. Elle suppose une mobilisation humaine, relationnelle, ancrée dans le quotidien. Faire de l’accompagnement une cause nationale, c’est reconnaître que la cohésion sociale dépend autant des infrastructures que des interactions.

C’est pourquoi cela implique de doter les praticiens de l’accompagnement – coachs, travailleurs sociaux, formateurs, mentors, enseignants, éducateurs – de moyens, de reconnaissance, de cadres d’action clairs. En réalité, c’est leur action quotidienne qui fait tenir ensemble les morceaux dispersés du tissu national.

Vers une structuration des métiers de l’accompagnement

Pourtant, malgré leur impact essentiel, les métiers de l’accompagnement restent insuffisamment reconnus, parfois relégués aux marges des politiques publiques. Dès lors, il est temps de leur offrir un statut à la hauteur des enjeux :

  • Création de référentiels professionnels partagés

  • Formations accréditées et parcours de certification

  • Cadres juridiques et fiscaux clairs

  • Reconnaissance institutionnelle et financement pérenne

De surcroît, cette structuration passe aussi par la recherche : comprendre les pratiques, les effets, les limites, les innovations. L’accompagnement ne peut être laissé au seul empirisme ; il doit être objet d’analyse, de débats, d’amélioration continue.

Le choix d’accompagner : un acte politique et éthique

En somme, choisir d’accompagner, c’est faire un choix de civilisation. C’est refuser l’indifférence, l’atomisation, la violence sociale. C’est affirmer que chaque personne, chaque citoyen, a droit à un regard, à une parole, à une main tendue.

Aujourd’hui, dans une société où les algorithmes décident, où les démarches sont dématérialisées, l’accompagnement redevient un acte profond d’humanité. Il est la condition de la démocratie en actes, de la solidarité concrète.

En définitive, refuser d’accompagner, ou y renoncer, c’est in fine choisir de décliner notre responsabilité collective. C’est accepter le repli, le rejet, le conflit. C’est laisser le champ libre aux radicalités qui prospèrent sur le désarroi.

Accompagner pour reconstruire le lien social

L’accompagnement n’est pas une option : c’est un pilier de la résilience collective. Concrètement, dans un monde complexe, il offre une boussole humaine, une attention particulière à ceux que les mutations fragilisent. Il est un acte de soin autant que de transmission.

Accompagner ou décliner, c’est un choix de société où il faut choisir entre cohésion et délitement, entre confiance et méfiance, entre avenir partagé et solitudes croisées. Plus qu’un mot, c’est une démarche, un engagement, une responsabilité collective que nous avons le devoir d’assumer ensemble.

Thierry Bianchi, Président-Fondateur du Cercle National du Coaching, Coach professionnel et Superviseur

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