La posture de coach/accompagnant

 

Inspiré des travaux de Maila Paul

Maela PAUL, Docteur en Sciences de l’Education, est l’auteur de plusieurs ouvrages et de contributions à des ouvrages collectifs, édités en France, au Québec ou en Italie, autour de problématiques telles que : l’accompagnement

S’il est une question dont nous parlons beaucoup entre coachs et/ou accompagnants, qui nous interroge tous en tant que professionnel, c’est la question de notre posture dans la démarche que nous mettons en œuvre quand on accompagne nos clients ou autres.
Même si nous affirmons que la posture est un des éléments les plus importants, de notre identité métier, pour autant, nous avons du mal à la cerner, la qualifier, l’analyser, la repérer.
Vous l’avez compris, la posture c’est une question, une problématique, une quête pour la professionnelle du coaching que je suis. Suis-je dans la bonne posture ? ne suis pas dans le conseil ? dans la formation ? dans la prescription ?
En effet, dans le cadre de mes interventions auprès des professionnels, que ce soit en individuel, comme en collectif, la posture comme « solution miracle » est une évidence.
Elle me parait être le « je ne sais quoi » qui nous impose aux autres, en tant que professionnel, qui fait qu’on est à sa place, tout en étant dans la relation à l’autre.
L’accompagnement se développe de plus en plus dans notre monde, notre société en mutation, comme nouveau mode de relation à autrui. Bien des professionnels, et pas seulement les coach, les formateurs, les managers, les consultants, les animateurs, les conseillers, se posent heureusement la question : qu’est-ce qu’accompagner veut dire (Convention de l’O.M.A.-Observatoire des Métiers de l’Accompagnement le 15 avril 2019 au Conseil Economique Social et Environnemental).
Étymologie. Sa racine latine est : ad- (« mouvement ») cum panis (« avec pain »), c’est-à-dire « celui qui mange le pain avec ».
Accompagner, selon le Petit Robert, dictionnaire de la langue française, 2004 [4], c’est : « Se joindre à quelqu’un pour aller où il va, en même temps que lui. Conduire, escorter, guider, mener. » ;
Au XVIIIème siècle apparaît le terme de « compagnonnage » définit comme le : « Temps pendant lequel un ouvrier, après son apprentissage, doit travailler comme compagnon chez un maître avant de devenir maître lui-même ».
Dans cette dernière acception, apparait la finalité d’apprendre. Des objets d’apprentissage (gestes, techniques, arts …) font le lien entre le maitre et l’apprenti. Même si on peut en tant que formateur, avoir une posture de coach, qui s’opposera à une posture de formateur, de sachant.
Dans une démarche de coaching, la finalité n’est pas l’apprentissage d’un geste, d’une technique, d’un outil. La finalité serait (je parle au conditionnel car je n’ai pas la prétention de savoir …) bien cet accompagnement qui permet d’accompagner un sujet dans une autonomisation qui, lui révélant ses capacités, ses ressources développe ainsi sa capacité à être acteur de sa vie professionnelle, son pouvoir d’agir, et son efficacité personnelle (self efficiency voir les travaux d’Albert Bandura).
Mais cet accompagnement, on ne l’apprend pas dans une formation, même s’il existe de nombreuses formations au coaching. Si on consulte leur programme, on transmettra des outils, des éléments théoriques, des méthodes, des techniques de communication et d’entretiens, de ce qui fait objet dans l’accompagnement mais on parle peu du sujet et de la manière dont la relation se met en place, de la nature de cette relation.
D’après Maila Paul c’est une forme contemporaine de lien à l’usager, usager en tant que « sujet responsable » et « sujet de droit ». D’où une certaine contradiction ou limite entre autonomie et responsabilisation du sujet et responsabilité de l’accompagnement.
Sur le plan physique : la posture est l’élaboration et le maintien actif de la configuration des différents segments du corps dans l’espace. C’est aussi une attitude particulière du corps. La posture renvoie au non-verbal, au regard, aux mots, à la manière de se présenter, d’identifier et d’établir une relation avec l’autre.
Au sens figuré : attitude morale de quelqu’un.
La posture éthique : pour qui je me prends, pour quoi je le prends, pour quel monde je travaille. Elle suppose une attitude critique et réflexive de la part de l’accompagnant.
Une posture de non-violence : pas de pouvoir, pas de domination, pas de répression, pas de manipulation, pas d’infantilisation, pas de dévalorisation.
L’autre est autre, ne pas se substituer à l’autre : ne pas penser à la place de l’autre, ne pas parler à la place de l’autre, ne pas faire à la place de l’autre
Faire le deuil du non savoir : faire le deuil de la toute-puissance projetée par l’accompagné sur vous ; Elle privilégie le dialogue et l’intelligence de l’autre. La posture procède par des questionnements, ne s’appuie pas sur des affirmations. Elle ne s’appuie pas sur des théories « en surplomb ».
Une posture de dialogue : c’est dans le dialogue que s’exerce la place de chacun ; le dialogue a une dimension instituante ; c’est dans le dialogue que les rôles se définissent : l’espace, le temps du dialogue. La posture d’écoute qui reposera sur les techniques de communication : écoute active, questionnement, reformulation, rebondir sur des mots (signifiants). C’est dans le dialogue que se négocient les compréhensions de chacun.
Une posture émancipatrice : elle offre l’opportunité de grandir en humanité, faites-lui prendre conscience de ses propres ressources : expérience, talents, compétences, singularité, Aidez-le à développer son pouvoir d’agir.

Odile Thivillier,

Secrétaire du Cercle National du Coaching