La Supervision est-elle un coaching de coach ?
par Michel Bré
En bref.
La supervision un coaching de coach? Cet article explore la distinction entre supervision et coaching de coach, en soulignant que, bien qu’ils partagent des similarités, ces deux pratiques présentent des différences fondamentales. Alors que le coaching vise à accompagner un individu dans la compréhension de ses propres problématiques, la supervision s’attache spécifiquement à la posture du coach. Le superviseur, grâce à son expertise, aide le coach à développer une disposition interne d’écoute et de distanciation réflexive.
La supervision va au-delà du simple recul sur la pratique : elle initie le coach à une compréhension profonde du coaching en tant qu’art et lui offre un espace pour affiner sa sensibilité et son intuition, indispensables pour capter les nuances émotionnelles. En somme, la supervision devient un outil d’amélioration continue et d’acceptation de l’inconnu, permettant au coach de progresser dans un processus de transformation personnelle et professionnelle.
La supervision de coach est-elle un coaching de coach ?
La supervision de coach est-elle un coaching de coach ? Autrement dit, le coaching de coach prend-il le nom de supervision ? Enfin, dans la négative, quelles seraient les différences entre les deux pratiques ?
Dans cette analyse, nous défendons l’idée que, bien que partageant des aspects communs, les deux pratiques présentent des caractéristiques distinctes.
En règle générale, le coaching peut être défini comme une relation d’accompagnement dans laquelle l’accompagnant, le coach, mobilise ses capacités d’écoute et utilise des techniques d’investigation pour permettre au coaché d’élaborer une meilleure compréhension des situations personnelles qui le préoccupent.
En ce sens, le coaching de coach ne se distingue pas d’un autre coaching, à l’exception près que le superviseur est expert du domaine technique du coaché. Cette expertise est significative, comme nous allons le voir.
La posture, Alpha et Omega du coaching
Le superviseur conduit son intervention sous un angle bien particulier : celui de l’acquisition de la posture par le coach.
La posture est une disposition interne, faite de l’intérêt pour la singularité de l’autre, de l’écoute du non-dit, et de l’attention au hors-champ du discours. Par ailleurs, elle se manifeste par des comportements tels que l’écoute active, la neutralité bienveillante et la distanciation réflexive.
Cependant, l’état de posture ne consiste pas simplement à accepter l’autre sans préjugés ou à cultiver une illusoire neutralité. Au contraire, il s’agit d’observer en soi les résonances imprévues qui surgissent, et d’apprendre à composer avec.
L’acquisition de la posture se réalise par la transmission de l’aptitude au discernement, du superviseur au supervisé. C’est pour cette raison que le superviseur doit posséder une compréhension profonde des techniques de coaching, afin de ne pas se laisser piéger par le confort apparent ou l’illusion de vérité que peuvent procurer les outils.
Puisqu’il y a transmission, il y a aussi initiation. En effet, on entend souvent que la supervision permet au praticien de prendre du recul sur sa pratique. Cependant, la supervision va bien au-delà de cela : elle constitue un processus par lequel le coach comprend que le coaching est un art, une expression du génie humain, et une communauté professionnelle qui en partage l’éthique.
La supervision : un espace d’élaboration de la sensibilité du coach
Étant donné que le premier outil du coach est lui-même, la supervision devient le lieu du développement de sa sensibilité instinctive. En effet, c’est une sensibilité quasi « animale » qui capte les moindres tressaillements des émotions, et qui génère des associations, des images et des mots pour les exprimer.
Il est très difficile, dans une relation, de départager ce qui relève du réel de ce qui est enchevêtrement de projections, de résistances et de limites cognitives. Ainsi, la supervision offre un espace-temps dans lequel distances et durées prennent une valeur subjective. Le coach en supervision revisite son histoire, reformule son identité, et se projette dans le passé et le futur pour mieux vivre sa subjectivité présente.
Un processus d’amélioration continue
Bien qu’il soit habituel d’engager une supervision pour trouver des réponses à des difficultés rencontrées dans la pratique, la supervision constitue, plus fondamentalement, l’instrument d’une démarche d’amélioration continue. En fait, elle ne prend pleinement son sens que dans une pratique régulière.
En conséquence, le recours à la supervision renforce la familiarité avec les situations complexes et l’acceptation de ne pas savoir ou comprendre. Par conséquent, la supervision familiarise avec l’inconnu et solidifie l’acceptation du différent.