Rimbaud, le coach et l’autre (2/4)
La pensée, cet autre qui nous échappe
Je, qui es-tu?
Quoi de plus simple que ce Je par lequel celui ou celle qui parle s’introduit au monde ? Quoi de plus simple que cette modeste unité linguistique par laquelle le sujet atteste de l’évidence de son existence ainsi qu’en témoigne l’ancienne expression Je soussigné?
Descartes n’aurait pas su saisir les liens intimes entre l’esprit et le corps. Il les a pensé dans un clivage qui rendait difficile la compréhension de leur interpénétration. Pour autant, n’est-ce pas ce Je performatif que saisit Cogito ergo sum ?
Fulgurant, Rimbaud s’exclame, dans une lettre adressée au poète Paul Demeny : Je est un autre. Puis de poursuivre : Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet. La symphonie fait son remuement dans les profondeurs (1871).
L’intuition que la conscience n’est pas d’une essence homogène émerge au cours dernier quart du XIXème siècle. Nietzsche : Une pensée vient quand elle veut, et non quand je veux (1886). Janet : Il y a dans l’homme des actes, des sentiments, des pensées, qui s’accomplissent en dehors de la conscience, et qui semblent appartenir à des personnalités psychologiques distinctes (1889).
La découverte de la conscience
Ce que philosophes et poètes ont pressenti, ce que les médecins ont décrit il y a plus d’un siècle, les neurosciences cognitives l’objectivent désormais en laboratoire. Nos perceptions du monde ne sont pas des données premières. Elles sont le produit de recompositions complexes de l’information reçue par les sens dans une interaction permanente entre corps, psyché et environnement.
Nos décisions sont précédées d’un signal dans le cortex frontal quelques centaines de millisecondes avant que nous pensions les avoir prises. La conscience ne réside en aucun siège. Une information devient consciente si elle est communiquée à un vaste réseau de neurones reliant différentes régions cérébrales. Je est son messager, mais lui échappe l’inconnu des origines.
Ne nous reste-t-il pas, lorsque coach, nous écoutons Je exprimer à nous remémorer Pascal : Je ne sais qui m’a mis au monde, ni ce que c’est que le monde, ni moi-même. Je suis dans une ignorance terrible de toutes choses. Je ne sais ce que c’est que mon corps, que mes sens, que mon âme, et cette partie même de moi qui pense ce que je dis, qui fait réflexion sur tout et sur elle-même, et ne se connaît non plus que le reste ?
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