Rimbaud, le coach et l’altérité (1/4)
Le coaching convoque la singularité de la personne
– L’engagement au-delà de la tâche
Le coaching en entreprise, quelles qu’en soient les motivations — prise de poste, communication, leadership, … convoque la personne dans sa totalité. C’est une conséquence de l’engagement demandé par l’entreprise au salarié pour réussir dans sa fonction. L’engagement de la personne et non simplement l’exécution de la tâche.
Au fil des rendez-vous, le coaché démêle l’écheveau complexe de ses désirs et de ses inhibitions, de ses succès, de ses échecs. C’est un chemin sinueux, entre interrogations, hésitations, insights, colère, espoir. Le coaché engage à cette occasion un travail d’exploration de lui-même, de mise en mots, un travail réflexif, en somme.
Mais qu’est-ce qu’un travail réflexif ? Une prise de recul sur le quotidien ? Une élaboration de soi sur soi ? Une narration du parcours de vie ?
– La narration et l’ineffable de la relation
De même que l’ouvrage révèle l’artisan, l’œuvre l’artiste, le travail réflexif révèle la personne. La narration ainsi élaborée durant le coaching émerge par le truchement d’une intention. La narration n’est pas un pur récit. Elle a un destinataire, le coach. En première instance, toutefois. Car la personne que rencontre le coaché dans son dialogue avec le coach le renvoie à d’autres personnes, d’autres visages, d’autres temps, d’autres lieux.
Mais alors, que vaut la narration ? A qui parle le coaché ? C’est ici qu’il y a lieu de distinguer véracité et authenticité. Toute narration est reconstruction. La véracité est la vérité des faits, l’authenticité, celle du sujet. Le coach a la charge d’en être pleinement conscient tandis que deux êtres interagissent, s’écoutent et se parlent par tant de signes invisibles.
On pourrait soutenir du coaching ce qu’Artaud dit du théâtre : Il faut en finir avec la suprématie du texte, du mot écrit, du mot parlé même. Le théâtre, c’est d’abord tout ce qui se passe sur une scène, dans l’air, entre des corps.
C’est par là que coaché et coach se confrontent à l’ineffable de leur relation. Il existe en effet dans toute relation une part fugace, un impensé, insaisissable, un je ne sais quoi, un presque rien dirait Jankélévitch. Un ineffable qui échappera à tout jamais aux tentatives de la machine IA de saisir ce qu’être veut dire.
Coaché et coach sont enserrés dans les rets de leurs intentions réciproques. Le coach est, par sa fonction dans le système, obligé par le contrat commercial auquel il a consenti. Le coaché est assujetti aux enjeux de l’employeur. Ne parle-t-on pas à ce propos de lien de subordination ?
Pour autant, si les parties se saisissent de l’espace de respiration qu’ouvre le coaching, si le coach entend, si le coaché parvient à retrouver le chemin de sa propre histoire, alors peu à peu émerge sa singularité, alors se renforce sa capacité d’être acteur de lui-même et de dire Je.
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