ArticlesMichel BréCoach et coaching

Rimbaud, le coach et l’altérité

 

Le temps du laisser advenir

Je appelle Tu, nous dit Buber. Il n’y a pas de Je sans Tu. Parce que nous sommes des êtres de la réciprocité, de la relation, non des monades.

Lorsque le coach écoute, son esprit recompose à son insu des fragments perçus de la relation établie. Parce que c’était lui, parce que c’était moi, écrit joliment Montaigne. Lui viennent des images, parfois incertaines, semblables à des paréidolies, des résonances, des projections, des interprétations spontanées, expressions de notre irrépressible besoin d’interpréter.

C’est pourquoi le coach tente l’épochè, la suspension du jugement.

Accorder à tout ce qui nous est donné d’entendre la même attention en suspens recommande Freud, car toute écoute sélective condamne à n’entendre que ce que l’on sait déjà. Mais voici qui est plus facile à dire qu’à faire.

Le cadre du coaching travaille l’attention du coach, lui donne une forme. Est-il possible de se tenir hors de ce pourquoi le contrat de coaching a été signé ? Hors de l’attente du tiers absent que constitue l’organisme contractant ? Le coach est censé accompagner vers l’atteinte de la performance.

N’est-il pas censé comprendre ? Dans les supervisions collectives que j’anime, j’observe souvent que le coach croit avoir compris et passe trop vite sur ce qu’il ne sait pas encore. L’essentiel n’est-il pas d’accorder de l’importance à ce qu’on ne comprend pas encore ?

La lenteur efficace de l’écoute

La ferveur contemporaine dans le développement personnel, lorsqu’elle érige la confiance en soi en valeur trop forte, n’aide pas dans cette voie. Rejetant le doute en soi, réponse créative à sa propre ignorance, elle entrave la capacité du coach à accepter la remise en question de ses certitudes.

L’attention en suspens ressemble à l’écoute du musicien. Dans la relation, la conjonction des altérités produit un chant dont le coach doit repérer la pulsation, les contretemps, les phrases mélodiques, la justesse de la note, les harmoniques, …Il n’a pas d’avis sur ce qui devrait advenir. Il observe l’évanescence du moment sonore. La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu’encadrer ce silence (Miles Davis).

Le coach ne doit pas être pressé de comprendre. Freud fait une observation essentielle : On ne doit pas oublier que la plupart du temps il nous est en effet donné d’entendre des choses dont la signification n’est reconnue qu’après coup. Dans notre monde précipité, le coaching est une pratique de la lenteur efficace. Prendre le temps de laisser advenir le Je de l’autre qui est aussi une rencontre avec l’autre en soi.

Michel Bré

#Coaching #Coach

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